Le français, c'est charmant.

Il était là. C'était lui,à l'arrière,cette forme à peine visible,qui ne faisait aucun mouvement,terrassé.elle était accoudée au bastingage comme la première fois ,sur le bac.elle savait qu'il la regardait,elle le regardait,elle aussi. Elle ne le voyait plus,mais elle regardait encore vers la forme de l'automobile noire.à la fin,elle ne l'avait plus vue. Le port s'était effacé et puis la terre.

Une nuit,au cours de la traversée de l'océan indien,il s'était produit,dans le salon du pont principal,l'éclatement d'une valse de Chopin. Il n'y avait pas un souffle de vent et la musique s'était répandue dans le paquebot noir,comme une injonction du ciel dont l'objet était inconnu,comme un ordre de Dieu dont on ignorait la teneur.

Elle avait pleuré,car elle avait pensé à cet homme de Cholon,son amant.Et soudain,elle n'était pas sûre de ne pas l'avoir aimé d'un amour qu'elle n'avait pas vu,parce qu'il s'était perdu dans l'histoire comme l'eau dans le sable,et qu'elle le retrouvait seulement à cet instant de la musique jetée à travers la mer.

Il était intimidé.Sa voix tremblait.Avec le tremblement,elle avait retrouvé l'accent de la Chine.Il savait qu'elle avait commencé à écrire.il avait appris aussi la mort du petit frère.il avait été triste pour elle.et puis il n'avait plus su quoi lui dire.et puis il le lui avait dit. Il lui avait dit que c'était comme avant,qu'il l'aimait encore,qu'il ne pourrait jamais cesser de l'aimer,qu'il l'aimerait jusqu'à sa mort.